lundi 2 février 2009

EXPRESS 03/02/09

DECHEANCE DE RAVALOMANANA
RAJOELINA S'EN REMET A LA HCC

Gras
Andry Rajoelina tente de prouver ce qu'il considère comme une violation répétée de la Constitution par le président Ravalomanana.
Le mouvement populaire dirigé par Andry Rajoelina semble faire du sur-place depuis trois jours. En attendant, Andry Rajoelina cherche à donner un habillage juridique à son rassemblement. « La Communauté internationale ou encore les Eglises reprochent notre démarche d'être illégale. Mais tout ce qu'a fait Ravalomanana en sept ans est-il légal ? », s'est-il demandé avant d'apporter lui-même la réponse. « Non, Ravalomanana et le gouvernement ne respectent pas la loi », a-t-il avancé. « Je vais porter la voix du peuple à la Haute cour constitutionnelle (HCC), à l'Assemblée nationale et au Sénat », a-t-il ajouté.Face aux critiques de la communauté internationale, Andry Rajoelina tente de répliquer. Ny Hasina Andriamanjato, coordonnateur général à la mairie de Tanà, accompagné de Nadine Ramaroson, a déposé une requête auprès de la HCC, hier en fin d'après-midi. « Celles prévues pour l'Assemblée nationale et le Sénat seront introduites demain », a indiqué ce dernier. A entendre le coordonnateur général, la requête en question est consacrée aux reproches faites au chef de l'état. Il s'agit de « violation répétée de la Constitution », de « haute trahison » ou encore d'« atteinte à la surêté extérieure de l'éat », requête assortie d'une demande de déchéance du chef de l'État.Actes d'intimidationInterrogé sur la valeur juridique de la démarche, Ny Hasina Andriamanjato a apporté des éclaircissements. « Il ne s'agit pas d'une plainte, c'est une requête demandant à la HCC de constater les irrégularités perpétrées par Ravalomanana. Puis, on verra si elle va encore protéger le régime ou respecter la population », a-t-il avancé.Sur le terrain, les ordres donnés par le maire d'Antananarivo samedi n'ont pas été tout à fait suivis. La vie quotidienne commence à reprendre peu à peu. Les magasins ont commencé à rouvrir leurs portes, il en est de même des établissements scolaires. Les fonctionnaires ont également repris, d'une manière générale, leur travail. Florentin Ramamonjisoa, l'un des syndicalistes en charge de mobiliser les fonctionnaires dans l'équipe de Andry Rajoelina évoque l'« intimidation ». « Les gens ont peur des forces de l'ordre présents dans les ministères. Nous allons mettre en place une stratégie pour y remédier», a-t-il soutenu. Le maire d'Antananarivo a donc du pain sur la planche. L'un des dossiers chauds qui l'attend concerne la mise en place de son gouvernement. « Il faut mettre en place une structure. Nous sommes en phase de consultation », a-t-il soutenu. « Il faut bien négocier le départ pour ne plus commettre les mêmes erreurs dans le passé », a-t-il poursuivi pour justifier le décalage entre l'annonce de la mise en place du gouvernement samedi et sa réalisation. Mais à force de décréter des ordres sans que ceux-ci soient suivis d'effet, cela risque de se retourner contre lui. Une partie des manifestants a montré son impatience et l'a fait savoir à Andry Rajoelina.L'Union africaine condamneJakaya Mrisho Kikwete, président de la Tanzanie et président en exercice de l'Union africaine a évoqué le cas de Madagascar au cours de l'ouverture du Sommet de l'Organisation panafricaine, hier à Addis-Abeba. Il confirme d'une manière officielle la déclaration de Jean Ping, président de la commission de l'UA, il y a quelques jours. Selon le communiqué de la présidence de la République, le président de l'Union africaine a jugé « inacceptables » les « actes de renversement du pouvoir démocratiquement élu ». Les membres de l'Union africaine sont également « attristés par l'évolution de la situation à Madagascar », tout en lançant un appel « à ceux qui usent de la violence et de la déstabilisation pour renverser le gouvernement, de respecter les principes démocratiques ».
Iloniaina AlainDate : 03-02-2009
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TOAMASINA
Des dirigeants de l'opposition arrêtés


Des meneurs du mouvement de contestation ont été arrêtés hier par les forces de l'ordre à Toamasina. Ils n'ont pas pu diriger le meeting devant la gare.
L'opposition de Toamasina décapitée. Des dirigeants de manifestations ont été arrêtés hier par les forces de l'ordre. Ils n'ont pas pu, en effet, rassembler les partisans du mouvement à l'endroit habituel devant la gare qui devient interdit aux manifestants. Une source officieuse auprès de l'Etat-major mixte opérationnel au niveau de la région (EMMO/Rég) d'Atsinanana a avancé que ces opposants qui ont fait l'objet d'arrestation sont au nombre de six. Il s'agit du leader de Tanora Malagasy Vonona (TGV) dans le Grand port Alain Mahavimbina, de Herman Tsivahiny, de Jean Loubardi, de Ricky Din Van, de Tolié Velomboanio et de Richard Pata.De leur côté, quelques membres de la presse locale ont soutenu hier soir que le chef de région Julien Andriamorasata qui préside l'Organe mixte de conception (OMC) régional s'est réuni avec les responsables de l'EMMO/Rég sur la question. Mais l'autorité n'a pu être jointe au téléphone pour plus d'information. En réalité, les opposants arrêtés ont été surpris par la mesure prise à leur encontre. Les éléments des forces de l'ordre ont ainsi barré la route aux manifestants venant d'Ankirihiry à quelques centaines de mètres avant leur arrivée sur la place Kianjan'ny fahamarinana.NégociationMais ces derniers ne leur ont pas obéi en insistant sur leur droit d'accès au lieu habituel. C'est à ce moment que les responsables des forces de l'ordre ont invité les dirigeants de l'opposition à la négociation. « Ils ont conduit Alain Mahavimbina et Ricky Din Van ailleurs. Les manifestants les ont attendu mais en vain. Ce n'est qu'au bout d’un certain temps que nous avons été informés de leur arrestation avec d'autres meneurs du mouvement », a témoigné un militant.
Fano RakotondrazakaDate : 03-02-2009

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BRAS DE FER
Le pouvoir se mobilise

Le parti Tiako i Madagasikara (Tim) et le gouvernement commencent à sortir de leur silence après le message solennel adressé à la Nation par le président Ravalomanana samedi. Ils multiplient les gestes pour démontrer qu'ils maîtrisent la situation. « Personnellement, je vais organiser cette semaine des réunions au niveau de chaque fokontany dans ma circonscription pour expliquer la situation actuelle », a déclaré samedi le député Raharinaivo Andrianantoandro, porte-parole du Tim. D’après les propos du parlementaire, il ne s'agit pas d'une mobilisation au sein du parti. « Il ne s'agit pas d'une réunion exclusive pour notre parti. Nous nous posons en rassembleur », a-t-il expliqué. Le parti présidentiel commence à réagir après le message à la Nation adressé par le président samedi. Le bureau politique du TIM a publié un communiqué de soutien au chef de l'état. Le gouvernement recommence également à multiplier les descentes sur le terrain. Elisé Razaka, ministre de l'Energie et des mines, et le directeur général de la Jirama, programment une visite à Ambohimanambola ce matin pour rassurer la population après les bruits d'empoisonnement de l'eau potable dans la capitale.Hier, Ivohasina Razafimahefa, ministre de l'Economie, du commerce et de l'industrie a rencontré les opérateurs victimes des pillages de la semaine dernière. L'objectif de la rencontre vise à trouver des solutions pour la réhabilitation des magasins saccagés.
Iloniaina AlainDate : 03-02-2009

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Toliara
Un retour à la normale relatif après les émeutes

Les embouteillages et l’agitation urbaine ont repris dans la cité de Soleil depuis lundi. Les barrages de fortune érigés dans les artères du centre ville ont été enlevés, les magasins ont rouvert leurs portes, les élèves ont rejoint l’ école. Les étagères des épiceries de quartiers de Sanfily et Tsianaloka commencent à se vider. La fermeture des grossistes indo-pakistanais depuis une semaine, est la principale cause de la rareté des produits. Par ailleurs, le marché noir ne fait que s’étendre.Toutefois, le prix de ces marchandises est exorbitant. « Je viens d’acheter au marché noir un litre d’huile alimentaire à 8 000 ariary », se plaint Angèle Masy, une mère de famille de Mahavatsy. La flambée du prix du riz commence également à se faire sentir. Si quelques jours après les émeutes, un sac de riz s’achetait au noir à Ar 15 000, aujourd’hui il caracole à Ar 60 000. Entre temps de folles rumeurs circulent sur une éventuelle perquisition par les forces de l’ordre, dans toutes les maisons suspectées d’avoir stocké du riz provenant du pillage de la semaine dernière. L‘opposition a essayé de rassurer la population sur cette question lors du meeting du samedi. Par précaution, nombreux sont ceux qui ont changé la couleur du sac de riz « J’ai échangé le sac où était marqué Pakistan Long Grain White Rice par un simple gony », explique un autre père de famille. En effet, la plupart du riz pillé est importé du Pakistan.Un officier de la gendarmerie joint au téléphone a déclaré que « pour le moment c’est la sécurisation des biens des personnes qui nous préoccupe, mais pas la perquisition ».
Francis RamanantsoaDate : 03-02-2009

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CLIMAT DES AFFAIRES
Les investisseurs dans le doute


La crise politique remet en question les perspectives de projets d'investissement. L'impact de la crise financière risque d'être fatal.
Le doute s'installe. Les évènements de la semaine dernière dans la capitale et dans les provinces ont interpellé les grands investisseurs étrangers ayant des projets à Madagascar. Certains subissent déjà de plein fouet les impacts de la crise financière mondiale. C'est le cas par exemple, du projet Ambatovy dont l'avenir est déjà compromis par la chute du cours mondial des matières premières. Il y a également des projets dans le domaine de l'agribusiness comme dans la filière biocarburant. Si la situation empire, certains risquent de se retrouver au cœur des conflits politiques dans leur zone d'implantation respective.Climat des affaires« Les promoteurs de ces catégories de projets sont déjà implantés à Madagascar mais il se pourrait qu’ils décident de partir du jour au lendemain. Je pense que ce qu'ils attendent à l'heure actuelle c'est la garantie de la protection de leurs installations ainsi que le retour rapide à la stabilité politique», déclare dans l'anonymat un opérateur étranger installé à Antananarivo.La situation est davantage compliquée pour les projets en cours de négociation. Les évènements de la semaine dernière ne jouent pas en faveur de Madagascar et risquent de retarder la conclusion d'un partenariat. Le climat des affaires est devenu malsain dans la Grande île qui a sans doute perdu plusieurs places face à d'autres pays africains. Les pillages des grands magasins comme Jumbo Score et Courts au vu et au su des forces de l’ordre sont des exemples qui vont être cités durant longtemps dans les milieux d'affaires étrangers.« Tous les efforts fournis depuis plusieurs années afin d’ améliorer l'image de Madagascar sont anéantis en une journée. La reconquête de la confiance des investisseurs va être très difficile », déclare un consultant proche de l'Economic développement board of Madagascar (EDBM).Jaquelin Rananjason, président directeur général de Jason World Energy, opérant dans la filière éthanol, estime que 60 % de ceux qui ont fait des déclarations d'intention pour investir à Madagascar ont décidé d’observer le stand by en attendant l'évolution de la situation. Les 40 % restants sont ceux qui croient en la potentialité de Madagascar notamment au niveau de la Communauté de développement de l'Afrique subsaharienne (SADC). Néanmoins, avant de se lancer, ces derniers attendent la garantie d'une stabilité et l'assurance de la protection des biens et des personnes .
Mahefa RakotomalalaDate : 03-02-2009

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ANTANANARIVO
La ville reprend ses activités


La vie reprend peu à peu son cours normal, après une semaine noire. Les enfants reviennent en classe et les fonctionnaires à leur poste.
Un cadre ressemblant à la vie quotidienne d'avant crise a refait surface hier, après une semaine turbulente. Les rues étaient teintées de plusieurs catégories de personnes. Les enfants des écoles primaires publiques (EPP) et de certains établissements privés ont regagné de bonne heure les salles de classe. A l'EPP d'Ambodifiakarana, les tout-petits vont même subir une épreuve d'examen aujourd'hui. Du côté d'Ambodifilao, la couleur bleu roi des lycéens de Jean Joseph Rabearivelo a donné un autre ton à la rue du quartier.Calme apparentLa reprise des classes ravit surtout les parents d'élèves. « J'ai enduré une semaine noire, comme si cela n'en finira jamais. Maintenant, je suis soulagée car mon enfant va de nouveau à l'école », soupire Geneviève Rasendra, une mère de famille. Certaines écoles ont pourtant fonctionné en demi-journée hier. Les écoles catholiques, pour leur part, ont choisi leur rentrée pour aujourd'hui.Dans les quartiers administratifs d'Anosy, Ambohidahy ou Antananinarenina, les affaires se remettent également sur les rails. L'annonce d'un arrêt d'activité des ministères, lancée par Andry Rajoelina samedi, n'a pas été suivie d'effet. A l'instar des fonctionnaires au ministère de l'Economie, du commerce et de l'industrie, la majorité des employés n'ont pas manqué la séance de lever du drapeau au local de l'ex-ministère du Plan à Anosy, hier. Un calme général règne pourtant dans les couloirs des autres ministères, à cause de la petite affluence des visiteurs. Vers onze heures trente, certains bureaux ont pratiquement fermé. Force est de constater que des éléments de l'Etat major mixte opérationnel national patrouillent dans tous les coins.A côté, les activités commerciales concentrées dans le centre-ville retrouvent également leur souffle. A huit heures du matin hier, la plupart des propriétaires de magasin de Tsaralalàna ont décidé de reprendre leur travail. « Nous avons repris notre travail car le calme semble rétabli », affirme avec confiance le tenant d'une échoppe. Plusieurs galeries se trouvant surtout sous les arcades en face de la Place du 13 Mai ont aussi hissé leurs rideaux de fer.
Noro Haingo RakotosehenoDate : 03-02-2009

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Hygiène
Antananarivo sous les ordures

La propagation d’épidé-mies est à craindre dans la capitale. Ce risque est dû à la prolifération des immondices à tous les coins de rue. « Depuis deux semaines, les deux bacs à ordures n'ont plus été vidés », déplore une commerçante d'Ambanidia tenant boutique à quelques mètres de l'un des bacs. Les informations recueillies auprès de l'association des 192 fokontany de la commune urbaine d'Antananaivo ont révélé que ce problème s'explique par l'organisation du service de la voirie. Notamment au niveau du Service autonome pour la maintenance (Sam-va).« Le service fonctionne au ralenti, faute de personnel », explique Bernard Joseph, président de cette association de fokontany. « Nous sommes débordés », ajoute-t-il.Pour pallier ce problème, les 192 fokontany ont pris l'initiative d'embaucher des agents pour garder et entretenir les bacs à ordures des quartiers. « Ce n'est qu'une mesure provisoire, dans la mesure où le fokontany ne peut faire mieux, faute de moyens », précise Bernard Joseph.
Teholy MartinDate : 03-02-2009

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Question à ...Julius Miandrisoandrazana
« Ar 20 milliards de pertes pour Trading Center »


Le président de l'Association des commerçants de Trading Center évoque les pertes dues aux émeutes.
• Pensez-vous que le pillage des magasins et des boutiques avait un caractère xénophobe ?Je ne peux pas me prononcer sur ce sujet. En fait, plus de 90 % des propriétaires de magasins abrités par Trading Center appartenaient à des nationaux. De plus, l’immeuble est la propriété d'un Malgache, mais il nous a été sous-loué par des opérateurs chinois. Il est donc difficile d'affirmer que les étrangers étaient les principales cibles de cette mise à sac.• Comment avez-vous vécu l’événement ?Le sac des magasins s’est passé vers 22 h 30, dans la nuit du lundi. La plupart des propriétaires ont été avisés par les gardiens placés à l'intérieur. En outre, nous étions pris au dépourvu. Quand nous sommes arrivés sur les lieux, il n’y avait plus personne. En moins d'un quart d'heure, les pilleurs et le feu ont tout ravagé. • A combien estimez-vous les pertes ? Trading Center compte une quarantaine de magasins spécialisés, notamment dans l'habillement. D'après les évaluations faites par les différents propriétaires, la perte totale s’élève à 20 milliards d’ariary. De tels investissements privés auraient requis une protection ferme de la part de l'Etat mais aussi des forces de l'ordre pour que les opérateurs soient rassurés. • Espérez-vous remettre sur pied votre magasin ? Nous l’espérons fortement. Le bâtiment est implanté en plein centre-ville, et cela nous a été favorable. De plus, il s’encadrait bien dans le paysage urbain. Aussi sollicitons-nous l'aide de l'Etat pour la reprise de nos activités dans les plus brefs délais. Des réunions sont organisées dans ce cadre avec le ministère de l'Economie, du commerce et de l'industrie. Par ailleurs, les victimes des pillages sont actuellement accaparées par d'autres problèmes, notamment les assurances qui ne prennent pas en considération les dégâts dus aux émeutes. Sur le plan juridique, nous ne savons pas comment procéder, ni qui poursuivre.
Lantoniaina RazafindramiadanaDate : 03-02-2009

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