jeudi 9 septembre 2010

Katy Lena Ndiaye - En attendant les hommes - Néon rouge produc

Katy Lena Ndiaye - En attendant les hommes - Néon rouge produc
Le cœur des femmes
2007-12-11
« Ici à Oualata, ce sont les femmes qui peignent les tarkhas. Il y a beaucoup de pudeur derrière ces tableaux.Quand arrive une fête, par exemple la fin du ramadan, on embellit la maison de tarkhas. On la décore aussi quand le retour de quelqu’un est annoncé. Les hommes aiment ça. À cette période, ils rentrent et presque toutes les maisons sont décorées. »
Comme une sorte d’écho à son premier film, Traces-Empreintes de femmes, la réalisatrice sénégalaise Katy Lena Ndiaye signe son deuxième long métrage, En attendant les hommes. Alors que Traces partait à la découverte des peintures murales des femmes d’un village du Burkina Faso, En attendant les hommes explore « le rivage de l’éternité », comme l’appelaient les anciens voyageurs, Oualata en Mauritanie. Au cœur de cette ville, là encore, des femmes décorent les maisons de fresques d’une remarquable beauté et confient à la réalisatrice espoirs, rêves et désillusions.
Des mains qui malaxent l’argile, jouent avec des cailloux sur le sable, des mains qui en peignent d’autres au henné, versent le thé, tracent des lignes géométriques sur les murs ocres de la ville, c’est avant tout cela En attendant les hommes, un long cheminement vers la parole qui viendra peut-être, peut-être pas.
Cette petite ville au bout d'une piste malaisée, située en plein cœur du Sahara, est un morceau du passé où le temps semble s’être arrêté. Respectueuse de cet autre temps, à l’opposé de celui que nous vivons, la caméra s’attarde sur les détails. La lumière du film, évidemment capitale dans un site bouleversant de beauté, est exemplaire et il faut saluer ici le travail du directeur de la photo, Herman Bertiau, qui caresse des paysages baignés de couleurs douces et chaudes. Composé par petites touches, le film opère un va et vient entre la ville et le portrait de trois femmes : Khady, Massouda et Cheicha. Drapées dans leurs melhafa, ce voile de coton léger aux couleurs chatoyantes, qui les cachent en même temps qu’ils les parent et leur apportent une séduction magique, une pudeur empreinte d’espièglerie, elles fixent le spectateur, droit dans les yeux. Sourires, silences, soupirs, les trois femmes se livrent peu à peu, à leur rythme. Sans brusquerie, Katy Lena Ndiaye pose des questions intimes, que nous ne devinons qu’à travers les réponses, sur le couple, l’amour, la sexualité. Aucun commentaire ne vient s’insérer entre le discours des trois héroïnes. La parole leur appartient en totalité.
Étonnés, nous entrons dans leur vie sur la pointe des pieds et découvrons une liberté de ton, une indépendance qu’on ne soupçonnait pas. Les réponses de Khady fusent. Employée au dispensaire comme accoucheuse, elle a été mariée cinq fois et préconise de faire l’amour tous les jours : « Quand j’ai envie de mon mari, je le prends dans mes bras et je le serre contre moi. Je lui dis « j’ai envie de toi » et il s’exécute ». Massouda, elle, n’a pas eu de chance avec les hommes et se retrouve seule aujourd’hui : « Ils se sont mal comportés avec moi. Je leur ai rendu la monnaie de leur pièce ». La commerçante Cheicha, plus timide, fait semblant de ne pas comprendre les questions ou refuse tout net d’y répondre : « C’est assez. Tu me fatigues. »
Par le procédé du face caméra, c’est à nous que ces femmes s’adressent et les questions qu’elles renvoient à la réalisatrice nous parviennent directement : « Le corps de la femme appartient à l’homme ! Avec quoi tu viens ! » (…) Et toi, à qui appartient ton corps ? »
Et ces hommes à qui elles appartiennent justement, où sont-ils ? Ils ne feront leur apparition qu’à la quarantième minute du documentaire. Partis dans les grandes villes gagner de l’argent, pour des semaines voire des mois, les femmes se débrouillent en attendant leur retour. Elles jouent, discutent, prennent le thé, s’occupent des enfants et ….décorent les maisons de tarkhas. Du bout des doigts, elles tracent des courbes sur les murs comme s’il s’agissait d’une autre forme de discours, pudique mais en même temps libre et sans contrainte.
Ajoutez à cela la voix ensorceleuse de la blueswoman Malouma, au-dessus des dunes, comme un appel à la prière, et le voyage promet d’être beau et envoûtant.
Sarah Pialeprat
En attendant les hommes est projeté dans le cadre du FESTIVAL VOIX DE FEMMES, le vendredi 7 décembre à 16h30 au Flagey.
En attendant les hommes – Katy Lena Ndiaye – 2007 – 56’
Production : Néon Rouge Production
Pays : Sénégal/Belgique
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TRACES, EMPREINTES DE FEMMES - DVD

Durée : 52'.
DVD ZONE ,, en KA, st. FR.
MEDIATHEQUE DES TROIS MONDES, 2003.
Intervenants
Katy Léna NDIAYE Réalisation, Herman BERTIAU Photographie, Erwinn VANN Musique, Lassina SIRIBIÉ Prise de son, Simon BACKÈS Montage, NÉON ROUGE PRODUCTIONS Maison Prod.
Résumé
Les peintures murales des femmes kassenas du Burkina Faso, près de la frontière ghanéenne, sont réputées pour la beauté de leurs motifs et pour leurs harmonies colorées. En s'intéressant à ce sujet, Katy Lena Ndiaye choisit de confronter tradition et modernité, à travers le portrait croisé de trois vieilles femmes et de leur "petite fille", qu'elles initient aux techniques ancestrales... La réalisatrice signe un film à l'esthétique maîtrisée, véritable portrait d'une communauté artistique, traversé par la question de la transmission, de l'éducation et de la mémoire dans une Afrique en mutation.
Note: Le film a reçu le Grand prix du jury au Festival du film de Saint Denis à La Réunion en 2004; une Mention spéciale du jury au festival Vues d'Afrique à Montréal en 2004; et une Mention spéciale du jury au Festival du film d'Abidjan en 2004.
Descripteurs, mots-clés
ART / CULTURE / FEMME / PEINTURE / TRADITION POPULAIRE / BURKINA FASO / SOCIOLOGIE / HABITATION / CINEMA BELGE

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