Le président de la Transition était sorti par la grande porte, hier. Il a appelé ses partisans à se projeter dans le futur tout en affirmant qu’il sera toujours là pour défendre les idées de la lutte qu’il a menée.
Deux images contrastes. Une première dans l’histoire de Madagascar, un Président sortant et son successeur ont fait une passation de pouvoir et de service. Hier, donc, Andry Rajoelina, président de la Transition, a tiré sa révérence pour céder la place à Hery Rajaonari­mam­pianina, président de la République.
Pour sa dernière à Iavoloha, celui qui a été propulsé au pouvoir par la révolution populaire de 2009 a particulièrement soigné sa sortie. En présence de sa famille, du corps constitué des représentants de la communauté internationale et de bon nombre de ses partisans, ainsi que ses principaux collaborateurs durant la Transition, c’est avec les larmes aux yeux et une voix bouleversée qu’Andry Rajoelina a prononcé son dernier discours en tant que Chef d’État.
« Je vous remercie pour votre confiance. (…) Au revoir et à une prochaine fois », a déclaré le désormais ancien locataire d’Iavoloha pour conclure son allocution. Ses partisans venus en nombre ont accompagné sa sortie d’un « standing ovation ». La présence en masse des responsables militaires a, également, marqué la journée d’hier. Les officiers qui lui ont fait une haie d’honneur à sa sortie du palais d’État d’Iavoloha.
Décidément, Andry Rajoelina a été la vedette de la cérémonie d’hier. En témoigne la présence massive de ses partisans qui ont arboré des foulards et des badges orange à son effigie. Une omniprésence qui a occulté Hery Rajaonarimampianina, censé être l’autre star de l’événement. Face à l’émotion d’Andry Rajoelina et sa symbiose avec une large partie de l’assistance, le Président Rajaonarimampianina a semblé déphasé, enfoncé dans son siège, adoptant une posture sobre et affichant un sourire de circonstance.
Un au revoir
Le fait que le président de la Transition ait été le seul à prononcer un discours n’a pas équilibré la donne. La seule occasion pour lui de se manifester a été la remise de la « clé » marquant la transmission du pouvoir, suivie d’une poignée de main courtoise entre les deux hommes, si les journalistes se sont, particulièrement, attendus à une embrassade ou une accolade entre eux.
Le lapsus de la maîtresse de cérémonie, qui a invité Hery Rajaonari­mam­pianina à quitter la salle de réception, avant de se rattraper en indiquant qu’il sera suivi par son prédécesseur, pour rejoindre le palais présidentiel, semble être révélateur du fait que la journée d’hier a été celui d’Andry Rajoelina. Par ailleurs, l’image traditionnelle du nouveau Président accompagnant son prédécesseur sur le parvis du palais présidentiel après la passation n’a pas été réalisée, Hery Rajaonari­mam­pianina étant parti avant Andry Rajoelina.
À en croire la teneur de son discours, le départ du président de la Transition pourrait n’être qu’un au revoir. « C’est une nouvelle page qui s’ouvre pour Madagascar aujourd’hui. (…) Je redeviendrai un simple citoyen à partir de demain (aujourd’hui), mais n’oubliez pas que je ne serai jamais loin de vous. (…) Je vous assure que je défendrai sans cesse la lutte et les idées que nous partageons, qu’importent les obstacles », a-t-il attesté. Et d’ajouter « Je sais que plusieurs d’entre vous me font confiance. Ne soyez pas malheureux, allez de l’avant, c’est l’intérêt de Madagascar qui nous importe et projetons-nous dans le futur. Les liens qui nous unissent ne seront jamais brisés ».
Au président de la Transition de déclarer que « nombreuses sont les pala­bres, mais seuls les réalisations témoignent des travaux de chacun et permettent de les juger, surtout les dirigeants », se référant aux projets présidentiels et à la réalisation des élections, en affirmant que « nous avons atteint notre objectif ». Andry Rajoelina a déjà fait part de son ambition de faire un « come-back » à la présidence en 2018.
Pour l’instant, il retourne au statut de simple citoyen. En témoigne le fait que l’ancienne famille présidentielle a quitté le palais d’Iavoloha à bord de son 4×4 bleu, Andry Rajoelina au volant. Probable­ment pour marquer la fin d’une ère, ce même 4×4 bleu était le véhicule utilisé par le leader de la Révolution orange lors de ses descentes sur la place du 13 mai, en 2009.
Garry Fabrice Ranaivoson