jeudi 17 avril 2014

dur, dur d'étre branchouille, pour un vieux clou , branchitude des vieux crapauds

Dadabe poireaute plus d'une heure pour avoir ses billets pour prochain festival "Mania série" bien à l'avance
arrive toujours à placer sa science ,dans cette cohue ,et,récolter de ci de là quelque numéro ou adresse , cela fait longtemps qu'il ne se contente plus que de ces dérisoires , butins
mdr

http://www.forumdesimages.fr/les-films/les-programmes/series-mania-saison-5
vous offre si vous n'avez pas de tablettes, un panorama des nouveautées "séries", trés con pétant
 https://picasaweb.google.com/117602256644926807573
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Ton pére Dadabe : nazi ?
  Pascal Bruckner.

Pascal Bruckner : mon père, ce nazi


Dans « Un bon fils », récit autobiographique saisissant, l'écrivain raconte que son père, René, fut un antisémite convaincu et éructant.
 http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/libre/20140418/index.html?cahier=LIV


18 avril 2014

Mon père, ce nazi


La mort de son père, qu'il a longtemps haï, a décidé l'écrivain à se lancer pour la première fois, avec " Un bon fils ", dans le récit autobiographique

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Sur la photo qui orne la couverture d'Un bon fils, on jurerait que le petit garçon représenté avec son père est coiffé d'une kippa, cette calotte dont les juifs observants se couvrent le chef. Il s'agit en fait d'un chapeau folklorique autrichien, celui que portaient tous les enfants du Kleinwalsertal, un canton reculé du Vorarlberg, où Pascal Bruckner fut envoyé à 1 an et demi soigner une tuberculose. La méprise amuse l'écrivain, qui s'est si souvent vu coller sur la tête une kippa imaginaire, lui dont le nom germanique est tout à la fois porté par des protestants et par des juifs et qui, à force de manifester, entre autres causes, sa sympathie pour l'Etat d'Israël, n'a cessé, depuis trente ans, d'être classé dans la catégorie des " intellectuels juifs ". Au point qu'un ami lui recommanda un jour en riant de rendre publique sa non-judéité. De faire son " coming out goy ".
Démarche dont pourrait relever, version radicale, Un bon fils. Un récit autobiographique saisissant, dans lequel l'auteur de Lunes de fiel (Seuil, 1982)raconte que son père, René, fut un antisémite convaincu et éructant, un admirateur de l'Allemagne nazie si fervent qu'il devança l'appel du STO (service du travail obligatoire) et participa à l'effort de guerre allemand en œuvrant pour les usines Siemens, à Berlin, puis à Vienne, entre 1942 et 1945. Cet engagement, il n'en fit jamais mystère, ressassant, jusqu'à son dernier souffle, en  2012, sa nostalgie hitlérienne, répétant avec une passion jamais entamée son petit bréviaire judéophobe et son catéchisme révisionniste. Pascal Bruckner raconte les multiples manifestations de son obsession, les listes de juifs supposés qu'il dressait, son cri, à chaque fois qu'il entendait parler de la Shoah (" Ils vont nous faire chier longtemps avec leur génocide ? "), sa rage de voir son propre fils si souvent assimilé au peuple honni.
Tant que son père était en vie, Pascal Bruckner a tenu à distance l'idée de ce texte. " Je pensais que c'était une histoire de famille pas très intéressante, que ça allait remuer trop de choses chez moi. " Dès sa mort, pourtant, l'idée s'est imposée  : " Les souvenirs étaient encore frais, et je me suis dit que, sinon, je ne le ferais jamais. " Et tant pis pour la méfiance à l'égard du genre autobiographique de celui qui, depuis trente-cinq ans, publie alternativement essais et romans aux allures de contes philosophiques. Il a vaincu ses réticences en se rappelant à quel point l'histoire de la collaboration " appartient  au roman national ", a admis l'idée que certains épisodes resteraient pour toujours dans l'ombre — comme la manière dont son père parvint, à la fin de la guerre, à éviter les Soviétiques et les alliés en se cachant dans les montagnes autrichiennes, et à n'être inquiété par personne à son retour en France. Il a même laissé un peu de place pour glisser que cette filiation ne fut pas seulement un cauchemar. Le titre n'est pas si ironique  : " bon fils ", Pascal Bruckner le fut, au fond, qui ne rompit jamais tout à fait avec les siens et s'occupa du vieillard après la mort de sa femme, en  1999, le visitant dans le taudis qu'était devenu son appartement, puis à l'hôpital, l'appelant chaque jour. Il admet du reste avoir le plus grand mal, maintenant que son livre est imprimé, à entendre des gens extérieurs à sa famille lui parler de son " salaud "de père.
En entretien, lui-même évoque ce dernier avec le détachement et la distance qui font la force de son livre - la première des quatre versions successives du texte était à la fois " beaucoup plus longue " et  bien plus à vif  : " un cri de haine ", affirme celui qui se dit aujourd'hui " totalement apaisé ". En l'état, l'ouvrage n'a rien d'une confession ou d'un exercice de contrition. L'auteur de La Tyrannie de la pénitence (Grasset, 2002), qui fustigeait le regard porté par les Occidentaux sur leur histoire, et les appelait à troquer leur culpabilité contre la joie d'en avoir surmonté les pires épisodes pour devenir des sociétés démocratiques, applique en quelque sorte le même principe à son parcours. Il contemple le passé de son père et ses convictions en se réjouissant non seulement d'y avoir été imperméable, mais aussi d'avoir trouvé dans l'effroi et le dégoût qu'ils pouvaient lui inspirer les moteurs de son émancipation, des raisons de s'inventer par lui-même. De lire et d'écrire. Il récuse cependant l'idée que tous ses accomplissements d'adulte puissent être lus à l'aune de ses seules origines familiales — si elles éclairent ses livres ou ses engagements, c'est avec la lueur intense mais incomplète d'une " lampe de poche ".
Il n'empêche  : Pascal Bruckner reconnaît que le refus de cet héritage a beaucoup à voir avec le fait qu'il ait choisi autrefois la gauche, et se revendique définitivement du côté du camp " progressiste ", " malgré l'épaisse bêtise et la bonne conscience qui y règnent ". Malgré, aussi, lui rétorqueraient sans doute certains membres de cette famille politique, des prises de position pas tout à fait raccord, de son soutien à l'intervention américaine en Irak, en  2003 (" Je ne regrette rien, le Kurdistan est libre, et voyez comme on reproche aux Etats-Unis de ne pas bouger sur la Syrie aujourd'hui. ") à sa vision de l'écologie comme obstacle à l'hédonisme (Le Fanatisme de l'Apocalypse, Grasset, 2011), en passant par son vote pour Nicolas Sarkozy en  2007 (" Je pensais qu'il incarnait une droite moderniste et libérale ; c'était juste un caractériel timoré. "). S'il admet la dimension " erratique " de certains engagements, il ne se repent d'aucun, se dit toujours " très fier " de certains, comme celui pour la Bosnie. Il dit aussi  : " Il vaut mieux rester dans la gauche pour la pilonner de l'intérieur  plutôt que d'être à l'extérieur, déconsidéré. " Et puis, écho involontaire à son parcours  : " Je suis trop vieux pour changer de famille. "
La question de l'âge revient régulièrement chez celui dont on souligna si souvent les airs d'éternel adolescent, lèvres pleines, cheveux toujours mi-longs et panoplie jean-veste. De la démarche autobiographique d'Un bon fils (il jure qu'elle n'aura pas de suite), l'écrivain de 64 ans souligne, entre ironie et coquetterie, qu'elle " sent un peu le sapin "  : " Après la mort du père, c'est une banalité de l'énoncer, mais on se sent vraiment en première ligne. " Sentent aussi " le sapin "(une odeur chère, dans sa version littérale, à cet amoureux des Alpes) " les honneurs ", comme la Légion du même nom reçue en  2002  : " On dirait qu'on vous pousse vers la sortie. " A propos de l'entrée récente à l'Académie française d'Alain Finkielkraut, il dit seulement qu'il est " heureux " pour celui qui fut son frère d'élection, rencontré en classe préparatoire au lycée Henri-IV, devenu, un peu plus tard, un jumeau avec lequel il écrivit en  1977 Le Nouveau Désordre amoureux (Seuil), qui questionnait vigoureusement la libération des mœurs. Ils avancent séparément depuis de longues années, mais il semble toujours impossible de ne pas demander à l'un sa réaction à la transformation en Immortel de l'autre, dont il trace un beau portrait en jeune homme dans son livre. " En vieillissant, on a tous besoin de consolation ", poursuit Pascal Bruckner. Qui voit la sienne, plutôt que dans le fait d'être " galonné et chamarré ", dans l'écriture de nouveaux textes, dans la reconnaissance de ses lecteurs et de se ses pairs. Son prochain essai sera consacré à l'argent. " Encore un sujet juif ! ", aurait sans doute tranché son antisémite de père.
Raphaëlle Leyris
Un Bon Fils, de Pascal Bruckner, Grasset, 264 p., 18 €.

© Le Monde






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